Interview de Theodoros Zdoukos médecin bénévole au Dispensaire social solidaire de Thessalonique

 

Le 9 octobre au Dispensaire social solidaire de Thessalonique nous avons interviewé Theodoros Zdoukos médecin bénévole. Il est 17H30, devant la porte, des personnes attendent l’ouverture du dispensaire situé au premier étage de l’immeuble. Katerina, bénévole, ingénieur civil de profession va commencer sa journée d’assistante dentaire. Nous n’aurons pas le temps de l’interviewer, le téléphone sonne et le dispensaire s’anime.

Theodoros arrive au pas de course, nous demande un instant puis revient nous présenter le dispensaire. Ici, il y a des consultations de médecine générale, pédiatrie, psychiatrie, dentaire et une pharmacie, une grande pièce qui sert de salle d’attente et de secrétariat sans oublier des toilettes plus une cuisine. Pour lui aussi une autre journée commence et pour tous les bénévoles que nous allons croiser.

Theodoros Zdoukos
Theodoros Zdoukos, médecin bénévole

Il nous explique qu’en 2011, 50 immigrés en grève de la faim, médicalement suivis par des professionnels de la santé, demandaient l’accès aux soins. Avec cette action solidaire des spécialistes de la santé a convergé la création d’un dispensaire social solidaire élargi à tous, sans aucune discrimination.

Ce lieu leur a été cédé par le Centre Ouvrier de Thessalonique. Il a fallu quelques travaux pour l’adapter et le dispensaire social solidaire a ouvert ses portes. Il précise « 07 novembre 2011, le premier jour ».

affiche

 

Tout ce qu’il y a dans le dispensaire est issu de dons ou de participations financières.

« Tout le monde est volontaire. Personne n’est payé et les patients, pour tout, ne payent rien ».

A la question de savoir ce qui lui donne cette énergie et la force d’agir, la réponse est sans appel :  « la santé publique est un droit ».

« Ces quatre dernières années, il y a eu 25000 visites », il précise ne pas avoir les dernières données.

« C’est une expérience très forte pour nous. Quand les gens arrivent, ils ont tout perdu. Tout. Ils viennent ici pour trouver le dernier appui. C’est très dur pour eux, très fort pour nous. Plus que la santé, ils viennent chercher la confiance en eux, la dignité. »

Comment définirais-tu ton action ?

« Essayer d’élargir pour tous les gens l’espace public à travers la solidarité car c’est un bien commun. C’est aussi politique. »

« Essayer de motiver les gens pour qu’eux-mêmes deviennent acteurs de leurs propres droits. »

Soignants et non soignants travaillent ensemble, cela change la relation avec les patients ?

« Oui, c’est un des succès de cet endroit. Je pense que c’est important. Travailler tous ensemble, sans hiérarchie, sans directeur, évaluer tous ensemble avec le patient, c’est important pour nous et lui. Nous essayons et c’est le plus difficile, de donner aux patients un esprit critique et des armes pour comprendre ce qui lui arrive, ce qu’il se passe en lui et qu’il apporte des réponses dans sa vie ».

Cette expérience a-t-elle changé ta manière de soigner ?

« Oui complètement, grâce à ces expériences. C’est une grande école ici. »

Tu aurais un message à dire aux gens qui verront le documentaire, en France, en Belgique…?

« Ce qui est en train d’arriver en Grèce, ce n’est pas parce que les Grecs sont des mauvaises personnes, cela va arriver aussi dans d’autres pays. Lors de ma récente visite en France et d’après ce que j’ai vu de la situation des hôpitaux, si cette politique néo-libérale ne s’arrête pas, ça arrivera en France. Pareil pour l’Allemagne. Le rythme est plus lent mais la direction est la même. »

affiche

 

Avec toute cette expérience, comment vois-tu le futur ?

« Personnellement je suis optimiste pour le futur. Je crois que les gens vont gérer le dépassement de cette situation, avec des avancées et des reculs mais ça va se faire. L’expérience de ce centre me donne cette attitude optimiste ».

Au-delà de la nécessité, c’est bien un nouveau modèle de société que créent tous ces bénévoles. Une organisation sociale basée sur la solidarité, le partage, l’échange, le respect et la non discrimination.

En 2011, lors de la grande manifestation sur la Place Syntagma, c’est peut-être la conscience d’un peuple qui s’est élevée. De là, ont commencé à se diffuser dans les quartiers, les régions, des assemblées citoyennes, l’auto-organisation, une démocratie directe comme instruments pour les décisions collectives. De tout cela a émergé les structures de solidarité. De la Place Syntagma est née une force motrice : l’implication de la population.

Myrto Bolota, de Solidarité pour tous, le 29/09 à Paris déclarait, « une osmose qui a donné des fruits intéressants. ».

Je termine par cette phrase de Theodoros Zdoukos. Elle est écrite un peu plus haut mais c’est une répétition pour ne pas oublier que c’est la tentative qui permet d’avancer.

« Personnellement je suis optimiste pour le futur. Je crois que les gens vont gérer le dépassement de cette situation, avec des avancées et des reculs mais ça va se faire. L’expérience de ce centre me donne cette attitude optimiste ».

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